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Le couple, meilleur rempart contre le chômage ?



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    La statistique, frappante, est issue du traditionnel portrait social que l'Insee a publié mercredi 28 novembre. Chez les 30-54 ans, le taux de chômage des personnes célibataires est de 13 % pour les hommes et 12 % pour les femmes, alors qu'il ne dépasse pas 5 % et 6 % pour les hommes et les femmes en couple.Comment expliquer cette surprenante inégalité sur le front de l'emploi ? Est-ce le chômage qui favorise le célibat ou l'inverse ? Les deux tableaux ci-dessous montrent en tout cas que les deux sont clairement corrélés.

    L'Insee se garde bien de préciser pourquoi, mais avance quelques pistes.Pour les hommes, les raisons sont d'abord à chercher dans leur niveau d'éducation. "Le diplôme confère un avantage aux hommes sur le 'marché matrimonial'", résume crûment l'institut. Les statistiques sont ainsi formelles : les hommes plus diplômés sont plus souvent en couple que les hommes sans diplôme, eux-mêmes plus souvent au chômage. Mais, ce n'est pas le seul critère. Les hommes qui ont des enfants, plus souvent en couple, travaillent plus que ceux qui n'en ont pas, notamment car ils "sont davantage incités à travailler ou rechercher du travail pour subvenir à leurs besoins", estime l'institut. Enfin, les hommes célibataires sont plus souvent victimes de handicap que les hommes en couple. Or"l'inactivité des hommes et souvent liée à des problèmes de santé", rappelle l'étude.

    Pour les femmes, la situation est légèrement différente. D'abord parce que leur taux d'activité (qui prend en compte les femmes qui travaillent et celles qui cherchent un emploi), à l'inverse de celui des hommes, est plus faible pour celles qui sont en couple que pour les célibataires. Première raison à cela : la présence ou non d'enfants. 84,8 % des femmes célibataires avec enfant son actives, contre 82,1 % de celles en couple. "La présence d'un conjoint apporteur de ressources offre à certaines femmes la possibilité de ne pas travailler pour élever leurs enfants, possibilité que n'ont pas les mères de famille monoparentale", explique l'Insee. Des femmes qui sortent du marché du travail et donc mécaniquement des statistiques du chômage.

    Marché matrimonial et marché de l'emploi sont très liés

    Derrière ces statistiques sur le front de l'emploi, se cache en fait la (triste ?) réalité du marché matrimonial. Plus les hommes sont diplômés, plus ils sont attirants pour les femmes. Alors que cette caractéristique joue nettement moins pour les femmes, même si les choses changent peu à peu :  auparavant, avoir un diplôme avait même effet handicapant pour les femmes ! "Entre 30 et 44 ans, être diplômée de l'enseignement supérieur n'est plus pénalisant pour la vie de couple, comme c'était le cas au même âge pour les générations plus anciennes", rassure ainsi l'étude.

    Comment expliquer cette divergence ? "Quand on interroge les hommes et les femmes sur les caractéristiques qu'ils estiment les plus importants chez leur partenaire, les femmes répondent d'abord un homme avec une situation stable, tandis que les hommes recherchent chez leur conjointes moins une position sociale que la beauté et jeunesse, et donc la fertilité", explique Jean-François Mignot, sociologue spécialisé des stratégies matrimoniales, "toute est une question de goûts issus de stratégies reproductives des deux sexes : au fil de l'évolution ont été sursélectionnées les femmes qui avaient choisi des hommes capables de subvenir aux besoins de leurs enfants, et les hommes qui avaient choisi des femmes capables de porter le plus grand nombre de leurs enfants", estime-t-il.

    70 000 couples comptent deux chômeurs

    Cette divergence fondamentale aboutit à ce que dans 17 % des couples, l'homme a une position professionnelle supérieure à celle de sa conjointe, contre seulement 5 % de cas inverses. Par ailleurs, dans 7 % des couples la femme est au chômage tandis que l'homme occupe un emploi, la situation inverse ne se rencontrant que dans 3,3 % des couples. Un peu plus de 1 % des couples comptent deux chômeurs, soit environ 70 000 couples, estime l'Insee. Les couples touchés par le chômage cumulent souvent les difficultés : les conjoints des femmes au chômage ou en temps partiel subi sont ainsi plus souvent en CDD, en interim, au chômage ou ouvrier.

    Tout cela s'explique par une autre donnée connue du marché matrimonial : hommes et femmes ont tendance à chercher leur conjoint d'abord dans leur classe sociale ce qu'on appelle "l'homogamie". L'Insee montre ainsi que les couples constitués de deux agriculteurs sont 30 fois plus nombreux que ce que l'on pourrait attendre si les couples se formaient de manière totalement aléatoire dans la population. Pour les artisans, commerçants et chef d'entreprise, c'est 4,3 fois. Les cadres, 2,6 fois, les ouvriers 2 fois, les employés et les professions intermédiaires 1,4 fois. Quand on regarde le diplôme, on assiste à la même homogamie : il y a 2,7 fois plus de couples formés de deux personnes sans aucun diplôme que la normale aléatoire. Au sein des diplômés du supérieur, les plus homogames sont ceux qui ont fait des études de sciences humaines ou de santé. L'amour a-t-il une place dans tout ça ? Il y a visiblement de quoi en douter...

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  • Kalessa

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